SCULPTURES
OBJECTIVES

Les "constructions ou sculptures objectives " m'obligent à questionner la totalité de mon travail d'artiste. Jusqu'à présent je considérai avec trop de distance les différentes phases de celui-ci. Trop accaparé par l'apparence des formes et des couleurs des processus et des techniques mises en jeu, je me suis laissé porter uniquement par la vision de l'inconscient à l'oeuvre dans mes peintures et mes sculptures.

Il s'agit de dépister maintenant la logique sous-jacente qui traverse les couches successives de mon oeuvre. C'est dans la réitération de certaines questions comme des retours du désir, des répétitions de sens - même par delà la forme- que j'ai eu peu à peu conscience d'un territoire contenant, plutôt qu'un développement plastique d'une oeuvre, une esthétique de l'attitude, face à la question de l'art. J'entend par là, que les pièces réalisées, se sont succédées non par enchaînement interne dû à la seule signification des formes mises en jeu, des manipulations, des éléments plastiques, mais par l'interrogation ponctuelle de mon rapport social et personnel à la question de l'art. Celui-ci se traduit par des pièces qui posent en plus de l'apparition de l'art -sous ses formes peinture sculpture photos ou autre - la question du mystère ou du secret des oeuvres et les situent dans le cadre souvent d'un processus qui bien qu'apparence d'un faire n'en nomme pas moins une sorte de transcendance des oeuvres. Ce qui pourrait sembler de prime abord pour versatilité de ma part, dans les changements de formes que j'ai pu avoir au cours de vingt et quelques années de travail sans relâche, n'est en fait que cette quête d'une vérité de l'art qui suffirait à engloutir l'inaptitude à la nature sociale de mon être pour en résoudre les faiblesses et les errances .

Mais comme expérience universelle elle nous signifie l'action de l'art en tant qu' enveloppe insoluble du réel et notre relation à cet état, notre situation sociale face à celui ci.. L'art comme solution et épiphanie, centre de vie. Les moyens de cet éclairage� tant la forme, l'ironie, l'humour, le mystère, la peinture ou l'art en quelque sorte comme Machine-Menteuse. Un sigle: M.M . M.M (machine menteuse), sous-entend à la fois un jeu tragique ou un jeu heureux.

Ce jeu ambivalent s'affirme dans l'impossible ou la réussite des formes, devenues substance. C'est l'apparition des oeuvres comme un reliquat - qui demeure debout malgré la malice du temps, par delà le temps il prend l'apparence de l'histoire et dépasse le temps imparti à une vie d'homme -. Il en découle que se transmet un certain regard d'homme sans la conscience des choses qui devrait l'accompagner. Est-ce cela sans doute l'ordre de l'esthétique. Malgré toute l'illusion que je semble manipuler, je ne peux oublier la vérité des choses.

C'est pourquoi je n'abandonne pas mes oeuvres au seul plaisir de les voir ou de les analyser mais j'entend dans le même temps (le même espace ) souligner la vérité de leur réalité d'artifice. D'où par ironie les oeuvres que j'ai appelées "les machines menteuses " mises en oeuvre début 1997. D'où les "figurations instantanées " 1984, les "temples de la nature "1986/87, les
"transfigurations"1989/91, "les basculeurs " 1986- l992/93, "les basculeurs universels " 1993/94, les "constructions ou sculptures objectives " 1994/97, et même la pièce interactive "100 poules ", de 1996.

Les constructions objectives ( ou sculptures objectives) 1994
Octobre 1994 : après la réalisation improvisée de la première pièce " le balai", appelée alors "sculpture avec objet 1", suivent ces notes qui tendent à mettre en place une base de travail sur laquelle construire ce projet plus global des "sculptures objectives", puis peu à peu transformées en réflexions générales sur l'art.