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Sculptures objectives 1994-1997 : information

La période sculptures objectives

Commencer un travail de "mise en boîte" d'objets.


Ces objets: outils, ustensiles, déchets d'une histoire personnelle, seront comme des manifestations de mémoire. Je fabriquerai dans un premier temps des coffrets à l'image de la forme contenue, en définissant une caricature, un schéma, une stylisation énigmatique à partir de la forme de l'objet, ses meilleurs traits. Ces sculptures seront construites en contreplaqué brut. Je suivrai un développement minima de la forme, en respectant les longueur, hauteur, largeur. J'armerai, renforcerai les coffrets afin de pouvoir les placer dans n'importe quel sens, n'importe quelle position. Faire des découpes soigneuses, les coller, les visser, les clouer. Il y aura un traitement de surface, peinture, enduits, patines ?


Les objets sauvegarde impossible de la nature.


Ce sera un projet sur la relation entre une "boîte-sculpture" et un élément naturel ou un lieu naturel... En premier lieu il faudra la concevoir en pierre. Je construirai une "boîte", "une sculpture objective" contenant un objet tiré d'un site que j'aime, un paysage accessible: herbe, branche, pissenlit, fleur, os blanchi, fer rouillé, et je l'incorporerai à la pierre, en la soudant formellement à la nature. Ce sera une réalisation faite en couleur, avec une rigueur architecturale de la "boîte". La pierre fait partie intégrale de l'oeuvre. La boîte s'immisce dans la nature. Je certifierai cette oeuvre avec des photos. Ensuite je verrai avec d'autres éléments naturels, arbres, eau, sable, terre, rocher, etc.
Il pourra y avoir des oeuvres de plus grandes dimensions, "sculptures boîtes" contenant des éléments matériels de la société contemporaine à la dimension du site ou de la ville : voitures anciennes... Plus vaste encore: usine thermique obsolète, ou ancien puits de mine, vieux tanker, château, citadelle et encore architecture moderniste. Je les appellerai quelque chose comme "sculptures objectives historiques", conservatoire désuet à double patrimoine, ou "conservatoire obsolète à patrimoine à ricochet".

Suite.


Les "boîtes" sont habitées par des "souvenirs objets", aujourd'hui je réalise une première "boîte-sculpture" au balai, celui-ci provient de mon atelier situé autrefois au lieu-dit "le Pinay" à Firminy, balai au manche rouge, cassé maintenant d'avoir trop servi, il a servi de modèle à un certain nombre d'oeuvre de 1982/ 83, peintures et sculpture en terre...
C'est un inventaire magique, j'aimerai doubler celui-ci d'une reprise en pierre, tailler dans la pierre un double lourd et "éternel", ou plus durable, face à la fragilité de la réalité de ces objets.

 

Les "boîtes-sculptures" et leurs objets.


Chaque objet qui initie une boîte procure ou instaure le sens de l'art. Il devient de ce fait l'objet primitif de l'art, sans complexité ni discours. La "boîte-sculpture" qui se greffe comme une membrane sur l'objet et procède de l'évolution de la forme ( comme chez Darwin en quelque sorte) est de nature a tout investir, à définir même la finalité des choses. Sans questions, ni intentions supérieures ou secrètes, les "boîtes" illuminent le regard sur l'art d'inventer, de créer, tout en surprenant le réel en le coulant dans un autre terrain devenant, fantaisiste, baroque mais rigoureux. Il pourrait exister des "boîtes" à "ready-made", sorte de mise en abîme du doute sur la vérité de l'histoire de l'art.
Ces "boîtes" seraient le point de départ à d'autres matérialisations: maquettes en quelque sorte de sculptures en pierre ( de grande échelle) ou de sculptures en bronze, voire à des architectures des maisons des bâtiments.


Quand l'art de la peinture fait défaut.


Les gestes et la couleur enferment les objets de la vision dans la peinture.
La pensée synthétise toujours des volumes ou des métaphores ( de l'ordre de la géométrie) qui résument les grandes orientations de la forme ( cf Cézanne). Puis le cubisme. Ou la pensée puriste.
Quand la peinture fait défaut, parce que la société est hésitante, changeante, en crise, il ne demeure que le coup de pinceau posé comme dernière exigence de création, lumière affolée du désir, lanière de souffrance et peut-être d'amour. Voilà pourquoi nous sommes si sensibles et touchés par la peinture du déchirement. Je pense à Baselitz à qui il ne reste que le retournement des figures pour vraiment nous faire croire à la peinture. A son activation... Une sorte d'antique dynamo pour électrifier la surface des toiles. C'est l'exemple de la colère en peinture qui trace la reconnaissance de l' impuissance de la figure dans l'art d'aujourd'hui... Et pourtant la peinture est là comme nécessité à dire, du dire lui même, ou peut-être n'est-elle plus là que nostalgique. Rattachée au passé elle murmure les regrets en patientant sur l'avenir et les oeuvres à venir, fatalement différentes, étrangères.

Sarcophages


Les " boîtes sarcophages " elles-mêmes s'avilissent. L'art égyptien, par exemple, ou étrusque, affronte la disparition et sa fatalité. Magnifiant au départ l'inconstance de la vie, vers l'espérance d'une survie énigmatique, pillées ou ruinées elles (ou ils) laissent s'enfuir par l'outrage de la destruction, le renouement aux temps de révélation, au terme des temps. Les "boîtes" ainsi construites édifient une liturgie qui concrétise "l'art". Elles nomment l'origine d'une substance intemporelle qui se distingue de toute les autres éléments sociaux.
L'art pariétal lui-même n'est t'il pas inscrit dans des boîtes naturelles qui se referment sur l'anonymat des calcaires des causses, créé dans l'invisible et pour l'invisible. Ainsi, ces "boîtes du voilement" sont-elles, avec cette perspective de garder "l'impérissable" invisible, des "boîtes du dévoilement" quand notre curiosité de connaissance les perce. Cette profanation pourtant nous ramène à cet instant qu'une pensée cristallisait avec tout son contenu philosophique et spirituel. Mais cette visite au coeur de l'énigmatique espérance est une atteinte au sacré ! Certainement aussi une atteinte à l'origine même de l'art !

MARC CHOPY
193 route du stade 38270 REVEL-TOURDAN
Isère, Auvergne-Rhône-Alpes, France
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