Ces sculptures réalisées durant les années 1992-1993 sont directement issues de la représentation volumétrique que l'on peut trouver dans mes précédentes peintures. Elles sont une continuation de la peinture en dehors du geste, formant des constructions/assemblages faits le plus simplement possible. Ces oeuvres ont été organisées par les masses et les lignes, les équilibres et la stabilité obtenue par l'agencement presque en suspend des volumes et des forces en opposition. Ces oeuvres développent en quelque sorte une géométrie de la couleur où l'effet vrai, de la lumière vraie, installe les nuances de cette matière comme un jeu de couleurs et de valeurs entre les volumes et les plans. Elles intègrent un dynamisme visuel et leur cohérence est à chercher dans une rencontre d'objets associés entre eux et figé dans un mouvement perpétuel et producteurs d'ombres accidentelles et d'organisations accidentelles ou "organiques".

Pour ce qui concerne les premières d'entre ces sculptures, j'ai intégré des modèles en bois pour les pièces de fonderies, éléments que j'ai découverts chez un récupérateur en gros, de matériaux issus de l'industrie. Formes-données qui ressemblaient à l'univers des formes qui habite ma peinture. Ces sculptures résultent de la nécessité pour mon travail d'éliminer la trop grande place du "rétinien" de la peinture, de faire le choix de travailler sur les équilibres, le mouvement des pièces, la pureté des couleurs, la matière des surfaces et l'envahissement de l'espace où le corps du spectateur improvise une promenade dans un lieu autant pictural que sculptural, dans le tableau lui-même.
Afin de créer ces sculptures comme monde autonome, j'ai réalisé un sol composé d'une centaine d'images/ projets, sous forme de module de 40 cm x 40 cm, avec un procédé de "rétroversion" ou de transfert sur contreplaqué du film peint sur plastique. J'ai ainsi disposé ces modules basiquement au sol comme plancher ou support des sculptures ou socle imagé. Chaque support peut s'improviser en combinant sculptures et modules, créant ainsi autant de figures de rhétorique que possible.

Ces sculptures comme "transformation d'objets préexistants" seront simplement mises en action par un "basculeur" utilisé comme "entité phénoménale" de l'activité artistique, capable d'agir sur la situation en plus de son action sur les éléments de la sculpture.

Les formes sont à la fois basculées et maintenues par des cales afin de rendre l'espace dynamique, comme si tout était construit à cette seule fin.
Cette série de sculpture verra sa conclusion avec la commande d'une sculpture nommée "Pierre basculée avec arc" qui se trouve à proximité de l'Eglise Saint-Pierre de le Corbusier à Firminy.

Par la suite viendra "la conférence sur le basculeur" ainsi que "les basculeurs universels" (suite de peintures où la perspective est considérée comme "basculeur")