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Sculptures objectives 1994-1997 : sculpture

Sculpture objective n°17

Sculpture objective n° 17:

branche de mon châtaigner. 1995.

Bois, carreau de céramique blanche, branche. 204 x 47 x 37. Photographie couleur 50 x 75.

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Du corps de la construction/ sculpture et de la peau de l'art, sa chair
d'apparence et de culture. La construction même des textes par
dessus les sculptures.


Comme ça je veux écrire tout ce qui se répand des sculptures que j'ai oubliées en parlant. Fanées à l'autre bout de l'atelier dans la poussière qui a fini par les recouvrir. Sereinement. Car, c'est leur monde qui les quitte. Comme une substance mortelle, entre les joints pourtant strictement hermétiques qui les ferme. Les égyptiens, grands faiseurs de momies, laissèrent patientes les bactéries faire oeuvre de nettoyage. Sous les goudrons. Enrobées d'immortalité les momies dorment maintenant dans les promesses de nos musées d'archéologie. C'est bien cela l'immortalité. Temporaire. Seulement pour un temps convenu. Tant que durera notre désir de retenir nos mémoires. Mais tout fait mémoire, et rien, bientôt, le proche, du proche. Les outils, les usines, les coutumes, les habits, les cartes téléphoniques, les bêtises, les disques en vinyle, les choses effleurées des vedettes, le rien qui nous fait rire, le tout qui nous fait pleurer, le quelconque qui devient la mesure du futur à aimer. Avec ça, je serais tendrement à faire de l'art, humblement à essayer de tenir une concordance dans ma vie entre ce que j'espère de mon être ordinaire et ce que j'entrevois en mon pouvoir de faire. Le rayonnement qui me vient du coeur.

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Du geste comme mémoire de l'artiste et acte préliminaire du mythe.


Voilà... Pendant un mois entier j'ai construit une cabane, pierre et bois... Maçonnerie, ciment, béton, brouette, pelle, pierres, sable, chevrons de sapin, clous toit, fouilles, murs, terre, seau, eau du puits, gants, sueur, douleurs, peine, faux - aplomb, remblai, escalier, talus, pluie, soleil, longueur et répétition, mouvement difficile, dos et douleur, fatigue indécise, nuages et pluie, orage, enfin, une cabane debout... Et j'ai tout oublié de mon appartenance à l'art, ses soucis, ses scrupules, ses projets...
Je suis allé à Ronchamp entre temps, d'un coup de voiture lancée comme un repos pour estimer le durable, la bonne charpente de notre culture moderne. Visite à Corbu, moi, petit maçon de cabane. Prodige à voir : "Notre-Dame-du-Haut", dans cette construction tout s'y trouve à sa place comme si on entrait dans les lois d'un monde idéalement fait pour cette architecture. Pour ces espaces, et les objets et les percées dans les murs et le blanc et le béton brut. Comme ça j'ai malaxé ce regard de connaissance, pour en revenir à mon doute d'un mois, à mon abandon laconique. Hors de l'art, hors de son devoir, de sa persistance.

Maintenant, au jour d'aujourd'hui, je reprend le fardeau? Faut-il dire fardeau? Plutôt que bonheur, le havresac, de ce qui fonde mon état, ma situation dans le monde. Tout revient, en flot... Sans une ride, sans un défaut d'espérance. Je me promène à reconnaître mon champ d'art (de mines parfois). A enlever cette poussière de moi, à retrouver sous ma peau l'artiste veilleur, qui ne sait, non qui ne sait, ce qu'il cherche. Mais en avant!... Hardi! Un petit pas encore vers le gouffre... En avant, comment disposer ses feux de sauvegarde, et ces cairns comme des repères bien visibles, pour quiconque... Enfin, ceux qui regardent encore.

Car de vive voix si on me demande de m'expliquer, je bafouille, je tremble, je vois les mots se dissoudre et les idées avec les mots se disperser. C'est ma voix intérieure, dis-je! Quelle complication elle me fait, "l'écrivante" assoiffée. Elle sait parler des remugles de l'âme, nutritivement, mais s'envole avec le devoir de l'immédiate transmission. Ecrire, seulement les préoccupations, non les parler!

MARC CHOPY
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Isère, Auvergne-Rhône-Alpes, France
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